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Alice Robineau réalise des objets qui se définissent métonymiquement par la matière dont ils se constituent. Béton, silicone, colle à bois, mousse, plâtre, terre, ses sculptures incarnent le lien et permettent les échanges et les associations entre différentes constructions symboliques, différents espaces de représentations : l’objet présent et son évocation, la reconstitution et le minimalisme des formes, entre le matériel et l’immatériel, le réel, le souvenir et la science-fiction.
Les objets d’Alice Robineau sont des condensés d’évocations. Chaque donnée croisée constitue ainsi une expérience. L’objet est lié à un lieu, un souvenir, un moment, un contexte et vient s’assembler visuellement pour donner forme à un langage furtif, fuyant.
Le choix des matériaux composites dont la manipulation reste complexe confère aussi à l’objet une forme d’ultra-présence, une densité au geste, à la fabrication qui renoue avec sa dimension artisanale. Ces silhouettes de téléphone, robinet, bouée, pomme de douche, arrosoir, panier, parapluie ou boules de Noël, dont l’essence se trouve ici recomposée en « dur », constituent une véritable archéologie des objets de notre quotidien. Disposés sur des socles ou présentoirs réalisés en résine polyester et chacun singulier par sa forme, ils rejouent une sorte de muséologie du fantasme, une cosmologie quasi-organique de la vision, du temps et de l’évocation dont ils seraient les apparitions en flash.
Elisa Rigoulet
Bribes d'édifices, objet, relique. On ne sait plus bien. Une simplicité des formes, qui évoque la fonctionnalité des ustensiles du quotidien, et une croûte presque rupestre qui vient déjouer nos capteurs temporels. Le rêche non identifié, granit, grès, plâtre, une empreinte grumeleuse, toujours solide. Comme escamoté par le temps mais toujours bien ancré, l'objet passeur de mémoire. Un temps que l'artiste n'a pas toujours connu. Une histoire continue, un héritage sur lequel sautiller. Des traces refabriquées, fantasmées, soutenues par la présence complice et bien réelle de ces vestiges qui se donnent à voir autour de nous. Un clocher, une arche, une pierre angulaire, une ferronnerie, un bas relief du métro. Une nostalgie, pas intime ni individuelle, plutôt englobante, sans fin ni début, dans laquelle on se glisse au détour d'une rue. Le sentiment vertigineux que ces coquillages devenus touches de téléphone nous ont vus défilés à des décennies très éloignées. Tout à la fois le minéral se fait rassurant, l'artiste nous le révèle, comme un vieil ami qu'on oublie parfois mais qui reste bien présent. Une filiation bienveillante, terroir comme territoire urbain. Et c'est presque avec révérence qu'elle se les approprie, une sympathie qui transpire, plus de distance, on flotte dans ce magma temporel recomposé, familier.
Léa Tesson
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